Voici une présentation et analyse partielle de notre premier entretien, effectué le 8 août 2017. C'était pour nous l'occasion de tester notre guide d'entretien notamment afin de voir si nos question étaient claires pour l'interrogé.
Pour ce premier entretien, nous avons rencontré un joueur de jeu vidéo âgé de 23 ans. Il nous a expliqué son point de vue sur le jeu vidéo qui est un milieu dans lequel il est actif depuis son enfance, surtout sur via les communautés et jeux en ligne.Nos impressions
L'entretien s'est très bien passé, l'interrogé semblait détendu et a vite commencé à développer ses arguments sans que nous ayons eu besoin d'intervenir trop régulièrement en nous éloignant notre guide d'entretien. En termes de profil, nous avions choisi une personne qui joue aux jeux vidéo depuis longtemps pour pouvoir analyser les motivations de ressortir d'anciens jeux.Sur le point technique, nous nous sommes rendu compte que le mode d'enregistrement du smartphone doit être mis en qualité supérieure à brouillon, sinon c'est plus compliqué de transcrire.
Pour ce qui est du contenu de cet entretien, on peut dégager le fait que l'interrogé dégage plusieurs temporalités importantes dans son rapport et sa perception au jeu vidéo. Il perçoit un changement puisque aujourd'hui "tout le monde peut se mettre au jeu vidéo si il le désire" alors que ce n'était pas forcément son ressenti à la période où lui s'est intéressé au média.
Nos notes préliminaires
Rapport au jeu vidéo : ne se souvient pas d’une période
sans jeu.
·
Considère une évolution de la position du jeu
vidéo dans le paysage culturel
o
« Il y a 10 ou 20 ans » : rapport
différent, position du joueur dans un stéréotype (le geek).
o
Aujourd’hui : importance marchande et
serait considéré comme un média similaire aux autres médias mainstream (cinéma,
musique). Elargissement du public en termes d’âge. Accès facilité au média.
§
L’interrogé explique ce changement par l’élargissement
du ciblage effectué par les éditeurs et développeurs de jeux vidéo
·
Le jeu pc est considéré comme un terrain plus
libre (pas limité aux « triple A ») et par conséquent les joueurs
seraient « plus passionnés ». Plus grand intérêt de la « scène
PC ».
·
La console est cantonnée à ses exclusivités.
·
Diversité de temps de jeux et de genres
·
L’achat de support physique n’est plus d’actualité :
plus compliqué d’utiliser le support physique (téléchargement du jeu plus
rapide)
·
L’interrogé a déjà acheté plusieurs fois un jeu
par nostalgie
·
L’interrogé n’a pas une approche de collectionneur,
ce qui l’intéresse c’est principalement le contenu du jeu
·
Pratique de l’émulation : accès à un
catalogue verrouillé, meilleures performances, même quand il possède le jeu sur
console et la console, il peut préféré jouer à la version émulée. Ne considère
pas l’activité comme illégale.
·
Ne se considère pas comme un retro gamer mais
joue à des anciens jeux : pour lui le retro gamer ne joue qu’à des jeux
anciens. L’approche générationnelle ou historique du jeu vidéo n’intéresse pas.
·
Intérêt latent pour les événements autour du jeu
vidéo, c’est aussi une forme de contre culture où les organisateurs peuvent
présenter une autre vision du jeu vidéo.
Il y a une envie de soutenir ces projets.
·
Comparaison avec l’industrie du cinéma.
Vocabulaire :
« Démocratisation », « Triple A »,
« Scène PC », "collectionneur", "retro gaming",
Retranscription
Entretien le samedi 8 aout 2018 à 19h, dans
l’appartement d’un ami de l’interrogé.
Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter
?
Je m’appelle Thomas,
j’ai 23 ans je suis originaire de Rouen et étudiant en 5ème année de
commerce.
Et quel est ton rapport au jeu vidéo ?
Concernant mon profil
de joueur de jeu vidéo je suis un joueur depuis (hésitations) toujours. Depuis
ma tendre enfance. Et je joue encore, moins régulièrement, mais je suis
toujours joueur de jeu vidéo.
D’accord. Donc selon toi, quelle place le jeu
vidéo a dans le paysage culturel aujourd’hui ?
A mon sens, le jeu vidéo a pris une place assez importante
comme on pourrait voir par exemple dans les magasins où l’on voit que les
rayons, peu importe le magasin que ce soit le revendeur spécialisé ou des
magasins qui ont une activité commerciale totalement déconnectée du jeu vidéo,
on voit que les rayons jeux vidéo ont pris une place assez importante. Donc oui
dans la culture ça a pris une place assez importante par rapport à, il y a dix
ou vingt ans. Je mettrais le jeu vidéo à la même échelle que la musique ou le
cinéma dans le sens ou c’est un loisir qui s’est inscrit dans le paysage
culturel et qui est devenu beaucoup plus accessible au fil des années, il
touche un public beaucoup plus large maintenant.
C’est intéressant ce
que tu dis « au fil des années », est-ce que ça veut dire finalement
tu ressens un changement par rapport à l’image du jeu vidéo entre la première
fois ou tu as été confronté à ce média et aujourd’hui ?
Oui bien sûr dans le sens ou avant on aurait pu voir ça un
peu en termes de cliché, de personnes profil « geek », voilà quoi.
Maintenant il touche un public beaucoup plus large, qui va d’un jeune enfant,
un adolescent à un adulte et même à des personnes plus âgées. Maintenant, tout
le monde peut se mettre au jeu vidéo si il le désire, si ça l’intéresse.
Tu as donc été témoin
d’un changement dans ce rapport à l’image du jeu vidéo, comment est-ce que tu
l’expliques ?
D’une part par les créations des éditeurs et développeurs de
jeu vidéo : ils ont pu élargir ce public et ne plus se limiter à un profil
de gamer. Conquérir de nouveaux clients en termes commercial. Le jeu, et déjà
les consoles, sont beaucoup plus abordables en termes de moyens : les ménages
sont plus équipés en matériel que dans les années 80. Maintenant les jeunes
naissent avec cette technologie, les consoles de jeux font pour moi partie de
la technologie. On a une démocratisation du jeu vidéo en quelque sorte.
Et donc ça serait dû
au fait que les éditeurs et développeurs auraient offerts une plus grande
diversité et un accès plus large à leurs technologies de console ?
Oui, moi c’est comme ça que je vois les choses
effectivement.
D’accord. Nous avec
Marin, notre travail de recherche est centré un type de jeu vidéo spécifique
puisque c’est le jeu vidéo PC. Est-ce que pour commencer, tu peux me dire un
petit peu ce que tu vois comme différence entre le jeu vidéo sur console et le
jeu vidéo sur PC ?
Pour moi la différence entre le jeu console et le jeu PC,
c’est qu’un joueur PC a un profil plus impliqué dans le jeu vidéo dans le sens
ou c’est une activité qui lui plait. Je le perçois comme plus impliqué dans le
domaine du jeu vidéo. Quelqu’un qui, notamment avec la plateforme Steam, va
pouvoir chercher des jeux vidéo et pouvoir chercher vraiment ce qu’il a envie
et pas se limiter au jeu qu’on appelle triple A, c’est-à-dire les grands hits.
Sur PC, on aura un catalogue tellement plus large et profond. Moi le joueur PC
je le vois comme quelqu’un de plus passionné par le jeu.
D’accord, grâce à un
catalogue qui est plus large et plus libre, c’est ça que tu veux dire ?
Oui et puis on a des énormes différences en termes de
matériel d’un ordinateur à une console c’est indéniable. Et c’est justement ce
qui dessine ce profil de joueur. Un joueur PC sait généralement ce qu’il y a
dans sa machine, il sait comment elle marche, il sait l’entretenir. Alors qu’un
joueur console, c’est tout con, mais si il veut jouer à un jeu vidéo il a juste
besoin d’acheter le jeu le mettre dans sa console, maintenant il va devoir
faire les mises à jour et voilà il va être prêt. Un joueur PC va peut-être plus
s’intéresser au fonctionnement du matériel.
Aujourd’hui à quelle
fréquence et à quels types de jeux tu joues ? Et comment sépares-tu le
temps de jeu sur console et le temps de jeu sur PC si tu les
différencies ?
D’un côté, oui je différencie ces temps de jeu parce que je
ne joue plus énormément sur console. Mais quand on part du principe qu’on peut
jouer sur son ordinateur avec une manette, par exemple moi je joue avec une
manette de Xbox 360, je ne vois plus trop l’intérêt de jouer sur une console à
part faire des titres exclusifs sur console. Actuellement je ne joue quasiment
plus sur console parce que d’une je ne possède pas la nouvelle génération de
console et de deux parce que je suis plus intéressé par ce qu’il se passe sur
la scène PC.
Après, en termes d’usages je dirais que j’arrive à jouer en
moyenne 2 à 3 heures par jour grand maximum.
Ok, et quels types de
jeux ?
Tout simplement ce à quoi j’ai envie de jouer. A partir du
moment ou un jeu m’intéresse, je vais me renseigner sur ce jeu et je vais
passer à l’achat. Ça peut très bien être un FPS type comme Call of Duty à des
jeux plus techniques, des jeux indépendants, du retrogaming aussi. Des fois par
nostalgie j’ai envie de me refaire un jeu vidéo bon bah hop, je me mets ce jeu
là sur l’ordinateur. J’ai envie de jouer à ce jeu quoi.
Tu l’as un petit peu
évoqué toi-même, tu joues à des jeux sur des plateformes dématérialisées type
Steam / GOG / Origin. Est-ce que ça t’arrive d’acheter encore en format
physique les jeux ?
Non plus maintenant, tous les jeux que je possède sur mon PC
c’est très rare qu’ils soient en physique alors qu’on peut tout avoir sur
internet notamment via les plateformes de téléchargement légal de jeu. On a
tout sur les plateformes là, on a plus besoin de s’embêter avec une boite et on
peut jouer au jeu plus rapidement en le préchargeant ou le téléchargeant à
minuit. Le dernier jeu en date que je possède en format boite c’est Diablo III
et ça fait déjà quelques années que je l’ai.
Est-ce que ça t’es
déjà arrivé de racheter un jeu que tu possèdes ou que tu as possédé sur des
plateformes dématérialisées.
Oui, y a plusieurs que j’ai possédé étant plus jeune et je
m’en suis séparé. Par nostalgie je les ai achetés à nouveau sur les plateformes
type Steam pour y rejouer. Bien sûr.
Et donc pour toi
c’est la même chose avec ou sans support physique.
Moi je ne suis pas attaché au support. Je ne suis pas
matérialiste, ni collectionneur la boite de jeu vidéo je m’en passe très bien.
Donc tu me disais que
tu joues à des jeux anciens, est-ce que ça t’arrive de pratiquer l’émulation ou
les abandonware c’est-à-dire des jeux PC abandonnés et plus édités par les
développeurs mais disponible sur internet de manière plus ou moins légale ?
Pour l’émulation et les abadonware, oui je pratique les jeux
émulés. Le PC donne un énorme intérêt à l’émulation parce qu’on peut se
retrouver, même si on ne possède plus les consoles, on peut très facilement
installer un logiciel d’émulation et très facilement récupérer les jeux au
format et iso… la version numérique du jeu et ça fonctionne très bien.
J’observe aussi que la performance est parfois accrue, on a un meilleur rendu
qui si on ressortait une console pour y jouer.
En tant que joueur,
tu attaches donc ton intérêt au contenu du jeu, le fait de pouvoir y jouer. Les
conditions n’ont pas forcément d’importance, c’est bien ça ?
C’est ça.
Ça t’arrive de jouer
sur des consoles ?
Je possède toujours mes consoles, Nintendo, Super Nintendo,
Playstation.. Mais je les sors plus, si j’ai envie de jouer à un ancien jeu je
vais plutôt privilégier l’émulation que ressortir ma console et la brancher.
J’ai encore les consoles parce que j’y suis attaché en fait.
Et tes jeux émulés,
ou est-ce que tu les obtiens en général ?
J’obtiens tout sur internet de manière assez simple.
(hésitation) Comment expliquer… L’émulation sur le principe c’est pas quelque
chose d’illégal, c’est plus l’accès aux fichiers numérisés qui l’est. Et ça sur
internet, il n’y a pas trop de guerre au
niveau des droits, c’est très facile d’accès et d’utilisation.
Donc des sites qui
jouent sur un flou légal finalement ?
Voilà, c’est ça.
Et si le jeu est
disponible sur des plateformes comme Steam ?
Si il est disponible sur ces plateformes je vais privilégier
cette méthode plutôt que l’émulation effectivement.
Pour terminer, on va
parler un peu de la patrimonialisation du jeu vidéo. Ces dernières années on a
vu beaucoup d’initiatives autour du jeu vidéo : Gog.com, expositions…
Comment toi est-ce que tu l’expliques ?
Alors moi ce que je vois dans un premier temps, c’est
peut-être un profil de joueur nostalgique qui a envie de jouer aux jeux
auxquels il a joué quand il était enfant. Maintenant c’est très accessible,
rien que pour citer les dernières consoles qui sont sorties la NES Mini et la Super NES mini. Plus besoin de changer de
cartouches il y a déjà une multitude de jeux dans la console.
Est-ce que tu te
considères comme un retro gamer ?
Moi je me considère pas tellement comme retro gamer car je
vois le retro gamer comme quelqu’un qui ne joue qu’à des jeux retro. Des jeux
qui ont déjà quelques années, au moins 10 à 15 ans. Alors que moi c’est
vraiment par envie ou par nostalgie, mais ce n‘est pas mon activité de jeu
principale je m’intéresse aussi beaucoup aux nouveautés etc...
Tu ne fais pas de
différences entre les différentes générations de jeu ?
Pas vraiment. Par rapport à mon utilisation, je ne
différencie pas les générations de jeu, pour moi tout est mélangé. Après c’est
plutôt une question de support.
Donc c’est plus une
question de différenciation console / pc / xbox / Playstation ?
Voilà.
On voit aujourd’hui
des expositions comme Arcade Mode à l’Aéronef de Lille qui exposait des
anciennes bornes d’arcade et une exposition sur les premiers DOOM. GOG.com, LTF
abandonware…. Est-ce que ces initiatives qui éclairent le jeu vidéo, c’est
quelque chose que tu suis, qui t’intéresses, qui te parles ?
Alors, ce n’est pas quelque chose que je suis en
particulier. Après si j’ai l’occasion de voir ou de me rendre à des
conférences, des événements de ce genre, oui si j’ai la possibilité d’y aller,
oui, j’irais. Je trouve que ces moyens mettent en lumière le jeu vidéo et
permet aux nouvelles générations de découvrir des choses qu’ils n’ont pas vécues.
Je trouve que ce sont de bonnes initiatives pour le patrimoine du jeu vidéo en
tout cas.
Est-ce que tu fais un
lien entre le changement d’image dont on a parlé au début de l’entretien et ces
nouvelles initiatives ?
Oui on peut faire le lien avec ce qu’on disait tout à
l’heure. D’une part on a les développeurs qui sortent des très gros titres que
beaucoup de joueurs consomment. Et d’un autre coté on va avoir des événements,
des organisations qui vont mettre en lumière une autre face du jeu qui est parfois
méconnue. Ça vient justement contrebalancer le poids de ces gros éditeurs dans
le monde du jeu vidéo.
Pour terminer, tu
vois tout ça sous un œil plutôt bienveillant, c’est bien ça ?
Oui j’ai envie de soutenir ces organisations qui soutiennent
le jeu vidéo. Il ne faut pas oublier
que le jeu ne se résume à nos pubs dans nos smartphones. Il ne faut pas oublier
que le jeu a commencé avec des jeux nettement plus archaïques qui sont pour
autant tout aussi plaisant. C’est une fierté de voir notre héritage et la richesse
du jeu vidéo. Les bombes graphiques comme les films d’actions hollywoodien. On
peut prendre du plaisir avec un jeu qui est sorti y a vingt ans parce qu’il
possède un univers, un gameplay plaisant. Il faut pas oublier ça.
Merci beaucoup
d’avoir passé l’entretien.
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